Bon anniversaire Jacquot
Je me demande comment on lui fête son anniversaire au Président?
Bernadette passe la journée dans les cuisines à faire un cake au citron (ça va tellement bien avec la Corona). Elle enlève son tablier à fleurs, apprête un peu mieux son brushing de ses mains encore pleines de farine, replace son collier à perles radioactives que son Jacques lui a ramené des îles lors d'un voyage officiel à Bora Bora, cherche activement dans les placards le petit tupperware rose dans lequel elle laisse les bougies de l'an passé, les sort toutes et en ajoute une du petit tupperware bleu qui contient des bougies neuves. Elle plante ensuite avec attention ces petits totems sur sur son joli gâteau. S'aperçoit qu'elle est une idiote et qu'elle aurait dû le présenter dans un plat convenable. Mais après tout Jacques il s'en fout, il le dévorera comme il a dévoré ceux des années précédentes. Elle laissera donc le cake dans son moule.
Elle se dirige vers le frigo, en extirpe 3 bières mexicaines bien fraîches. En coupant les restes de citron en quartiers elle fredonne le dernier Sardou.
Elle aime beaucoup Michel Sardou, Bernadette. Sa chanson préférée c'est "Le France". Toute la dignité d'un pays dans une chanson. Elle se lèverait presque la main sur le coeur à chaque fois qu'elle l'entend. Une chanson gaullienne, voire Gaulliste. C'est elle qui a donné le goût pour Sardou à MAM. Et MAM du coup elle n'écoute plus que "Le France" et la "Folle du régiment" en boucle dans sa Renault Laguna quand elle va en tournée dans les casernes de l'hexagone. Ce qui n'est pas forcément du goût de son aide de camp.
Le cake est prêt, les bières aussi.
Bernadette se saisit de l'interphone élyséen et appelle Claude, sa fille, qui est encore à travailler dans son bureau.
Claude répond un peu sèchement à sa mère: "Je travaille là, mère."
"Mais le gâteau de ton père est prêt! Je n'attend plus que toi"
"Ha? c'est aujourd'hui. Z'ont pas fini de nous casser les couilles avec ça les journalistes!"
"Claude!! S'il te plaît!"
"Pardon.. bon.. je descend"
"Merci. Je t'attend devant son bureau"
Claude raccroche et se déconnecte de Meetic.fr où elle avait une touche avec Jean-Pierre, divorcé, avocat, Gaulliste, aimant les petites boullotes. C'est ce dernier point qui l'avait un peu excité Claude.
Bernadette, traversant les couloirs du palais comme une geisha glisserait sur une patinoire municipale, croise le personnel de l'Elysée qu'elle ne prend pas le temps de saluer. Comme d'habitude ("j'aime bien aussi cette chanson de Michel").
Trois escaliers, six couloirs, deux halls de réceptions et 24 plantons plus tard, Bernadette se poste devant la porte du bureau de son époux.
Et elle attend.
Elle attend sa fille.
Elle entend la présidentielle télé plasma de son mari au niveau sonore indécent. Il est un peu sourd le Président. Déjà qu'il entendait à peine les 82% de français lui demandant du changement, mais depuis quelques temps Bernadette a remarqué que cela s'aggravait. Il devait presque mettre le son des "Chiffres et des lettres" au maximum pour pouvoir entendre, ce qui est bien plus grave. Surtout pour les 4 plantons du couloirs. Guy, l'un deux, était très fort dorénavant au Compte est bon.
Cinq (longues) minutes plus tard Claude apparut au détour du couloir.
Elle souriait. Cela marqua Bernadette: c'est bien rare que Claude lui sourit ces derniers temps. Elle lui rendit son sourire.
Claude pensait à Jean-Pierre.
Bernadette était heureuse.
Claude frappa à la porte de son père.
"...mmmm... entrez!"
Elles s'exécutent.
Jacques ne quitte pas son écran plasma. Bertrand Renard avait trouvé 542 en trois opérations. Jacques était une fois de plus sur le cul.
Il tourna la tête. Leva un sourcil au vu du cake avec ses bougies.
Silence.
Bernadette ne comprenait pas.
Claude ne comprenait pas.
Puis Bernadette rougit: elle avait oublié d'allumer les bâtonnets de cire.
Claude leva les yeux au ciel.
Jacques parti d'un grand rire, s'extirpa de son canapé, saisit le gâteau, embrassa sa femme sur le front, sa fille sur les joues.
Il planta ses yeux dans ceux de Claude:
"Ils n'ont pas fini de me casser les couilles avec ça, les journalistes!"
Ca doit être comme ça un anniversaire chez les Chirac..
Après toutes ces disgrétions retour à la musique.
Je signale aux heureux possésseurs d'iTunes sur leur machine que le single gratuit de la semaine est un petit bijou. Dépêchez-vous de le charger avant mardi, c'est gratuit.
Ca s'écoute ci-dessous.
Bon anniversaire Jacques.
Mais aussi bon anniversaire NicoW.
Franchement, tout va bien.
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