Après une semaine de vie étudiante à Penang il faut passer à autre chose.
La vie étudiante est belle... mais fatigante! bucket party sur bucket party il me faut au moins une semaine de repos pour m'en remettre (j'ai plus 20 ans). Et ça tombe bien: miss L. avait plannifié une semaine de rêve en Thaïlande.
Mais pour aller en Thaïlande il faut prendre l'avion (et Air Asia qui plus est, mais ça je tentais de l'oublier).
Donc départ tôt le matin, sac au dos (un lendemain de fête.. grave erreur: miss L. fait un sac pour partir faire le tour du monde, et vue sa taille et la mienne on dirait que les tortues ninja partent en guerre).
On passe par la blanchisseuse où on avait laissé quelques effets qui devaient retrouver des couleurs (en l'occurence ils en retrouveront mais pas les bonnes). La blanchisseuse cache très difficilement sa joie au vu du départ de Miss L. (comme si on faisait du bruit dans la résidence...), c'est bien simple, quand elle nous a aperçu avec nos sacs elle s'est retenu de danser la macarena. Mais son espoir fut de courte durée dès lors que miss L. lui dit: "see you next week".
On prends le taxi officiel de la miss et nous jetons dans l'avion.
Le vol se passe bien. Même si, au moment où ils nous annoncent qu'on entame la descente vers Kuala Lumpur, que nos plateaux sont relevés, nos ceintures bouclées et nos sièges remis en place, on voit la porte du cockpit s'ouvrir et un pilote aller aux toilettes.
Miss L:"Heu? mais qui c'est qui pilote???" On se marre (nerveusement) en imaginant que la porte reste coincée...
Une fois sur la terre ferme on prend notre antépénultième taxi malais.
Celui là ressemble à un tueur à gage. Comme je commence à en avoir l'habitude je boucle ma ceinture et vérifie qu'elle tient bien.
Miss L. tout autant. Bien nous en a pris. Le chauffeur (chauffard) cale son pied au plancher et ne le bouge plus.
Nous fonçons donc vers Kuala centre dans une formule 1. Et c'est là que la couleur des taxis prend tout son sens.
En effet, dans le rétro, dès qu'un conducteur malais voit une comète rouge se placer dans son champ de vision il change file. Il a intérêt. Et il n'a pas le choix. La miss et moi sommes balottés de droite à gauche au gré des virages, et d'arrière en avant au gré des accélérations/décélérations.
C'est la première fois que je me prends pour une chaussette dans le tambour d'une Miele modèle Luxe. Nos mains s'incrustent dans le skaï des sièges, des appuis têtes et des portières. Chaque feu rouge est un lancé de dés vu de notre banquette: "s'arrêtera? s'arrêtera pas?".
Je transpire la peur, la miss pleure... de nerf. Le chauffeur lui chauffe... le macadam. Puis de loin on voit les tours de Kuala. On arriiiiiiive. On est encore vivaaaaants.
Mais non.
On arrive pas.
On entre à peine sur le périph' de la ville.
Heureusement.
Heureusement.
Heureusement comme dans toutes les grandes villes il y a des embouteillages. Donc Schumacher est obligé de se calmer, pris dans la nasse des retours de bureaux.
On est encore sous endomorphine. On a qu'une hâte: descendre de ce cercueil à quatre roues. Seulement voilà, le bonhomme ne connaît pas la ville. Il n'arrive pas à trouver l'hôtel. On lui dit, redit l'adresse de ce dernier, on lui montre même la carte. Il tourne, et tourne et re-retourne autours des tours Petronas. Sa clim' est en rade, on fond sur la banquette. Et je retourne la carte de visite de l'hôtel... miss L. me regarde. Elle me dit de lui montrer. Et je bloque. Car je sais ce que le bonhomme va faire. Déjà qu'il appellent ses potes au GSM pour demander son chemin tout en conduisant, enfin surfant entre les autres véhicules, je suis sûr qu'il prendrait la carte pour la lire de l'autre main. La miss le lis dans mon regard... et on décide de ne rien dire. Heureusement il s'arrête quand il voit d'autres taximen malais et demande ouksékilest c't'hôtel-de-merde.
"No problem, I know now". On repart. Nous suivons clandestinement le trajet sur notre mini-carte. Pas l'air d'être ça.
Et puis au détour d'un virage on aperçoit l'enseigne tant espérée. Ouf! On approche. Puis on passe l'hôtel, et le dépasse même bien.
On hurle à l'arrière: "stoooooooop it's here!!!" Le bonhomme s'arrête, un peu surpris "But I'll take you to the club!" Hein? Quoi? Mais qu'est-ce qu'il cherchait? Pas compris, on paye, on descend et la miss le remercie de cette très intéressante expérience.
Après un court séjour à Kuala (que je n'ai pas aimé) nous sommes prêt à partir en Thaîlande.
Après notre course auto de la veille on décide de prendre le train pour aller à l'aéroport.
Mais il fait trop chaud, les sacs sont lourds (surtout celui de la miss): on prend un taxi pour aller à la gare.
On en trouve un. Un gentil petit chinois. Il nous dit le prix et nous dit aussi que c'est pas beaucoup plus cher pour aller à l'aéroport.
On se regarde. Sa clim' fraîche à raison de nous et on décide de poursuivre jusqu'au terminal aéroportuaire.
Le gentil petit chinois nous paraît de toute façon beaucoup moins cintré que celui de la veille.
Et effectivement il roule tranquillou.
On est apaisés, on papaute à l'arrière, on est dans les temps voire très en avance. TOUT VA BIEN.
On sort de la ville.
"Donc on fera ça, pis on ira voir ça"
On entame l'autoroute.
"Repos sur la plage, Pineapple shake."
Pas grand monde, On se déplace sur la voie la plus rapide.
"On fera la fête. Pis on doit se prendre un pad thaï"
PAM!! Un bruit énorme. On lève la tête, le coeur à 200.
La capot de la voiture s'est ouvert et s'est retourné.
Là on se marre. Les nerfs.
Je n'attends qu'une chose, que le petit bonhomme pile, que le pare-brise se fendille et explose, qu'on change brutalement de voie, qu'on se fasse percuter par le chauffeur d'hier, bref: qu'on meurt.
Et bien non. Le petit bonhomme met tranquillement son clignotant, se gare sur la bande d'arrêt d'urgence et coupe le moteur. Heureusement sa taille a joué pour nous: il voyait encore sous le capot. Quelques centimètres de plus et aurait été aveugle.
Seconde crise de rire et on se calme. Le petit chinois se trouve sous la voiture.
Après quelques minutes il réapparaît. Il va chercher des sangles dans le coffre et attache son capot ainsi.
Il reprend place dans la voiture, se tourne vers nous tout sourire: "It's the hook". C'est le crochet. Oui. Ca on avait compris.
Il repart. Doucement. Ben oui, l'air s'engouffre sous le capot et se dernier n'attend qu'une pichenette pour se re-retourner.
Avec la miss on a les yeux fixés sur le devant de la voiture dans l'attente d'une redite. Mais le petit bonhomme roule prudemment.
On se cache quand même en s'enfonçant sur la banquette quand une voiture nous double et qu'on voit le regard intérogatif des occupants des autres véhicules.
Les kilomètres s'enchaînent.
Le petit bonhomme reprend confiance. Et s'enhardit quelque peu. L'aiguille du compteur commence à fleurter avec le 85 km/h.
90: le capot se réveille et commence à sursauter.
95: le capot saute plus fréquemment. Mais maintenant, la petit taille du bonhomme joue contre nous: il ne voit pas que ça s'active sur l'avant. Et comme il fait beau, le ciel est bleu et l'autoroute vide il pousse un peu plus sur la pédale: 100km/h. Moi je vois le manège, miss L. tente de se divertir en testant son maquillage. Et puis quand je vois 110 km/h sur le compteur et qu'une descente se profile à l'horizon je me permet de taper sur l'épaule sino-malaise de notre chauffeur et lui signale diplomatiquement qu'on a le temps, qu'on est pas pressé, en somme: ralentit ouistiti sinon ça va recommencer! "ha ok! ok! ok!"
C'est ainsi qu'on fait sans doute la course la plus lente de l'histoire avec un 70km/h décoiffant pour faire les 65 kms restant.
Mais on s'en fout, on est arrivés et encore une fois en VIE!
Pour l'anecdote: ce n'est pas sans rire que nous avons vu notre petit bonhomme aller placer son taxi dans la file pour avoir des clients à ramener en ville. Paix à leurs âmes.
Un fois quitté le sol maudit malais nous avons pu se délecter d'une semaine de farniente en Thaïlande. Installation à Kho Phi Phi, île de rêve avec plages blanches et piti poissons de toutes les couleurs.
Question locomotion rien de particulier: y'a pas de voitures sur l'île que des bateaux: des taxi boats. Ha si quand même: un matin, avant d'aller faire passer une gueule de bois carabinée sur une plage annexe on décide de prendre le taxi boat pour s'y rendre.
L'action conjuguée du soleil très présent sur mon crâne dégarni et du taux d'alcool encore assez élevé dans mon système sanguin j'avais un peu de mal à grimper dans l'embarcation. S'y trouvaient déjà deux anglaises et miss L. attendait que je sois dedans. Je me la joue Bébel et essaye de monter dedans par moi même en sautant. Impossible. Le Taximan me montre l'échelle. L'échelle??? Moi??? Mais dis donc t'as vu mes muscles saillants?! Ce n'est qu'une erreur de position bonhomme! Tiens ça à l'air mieux plus au fond. Plus au fond ça veut dire plus dans l'eau. Mon cerveau lent ne lie pas: niveau d'eau plus grand + Bateau qui gîte + Sac en bandoulière = risque de noyade du contenu dudit sac. Me reprenant pour Bébel je met alors toute ma volonté en bandant mes muscles et zou!
zou...
zou: ça veut dire que je met un peu trop de bonne volonté et passe directement cul par dessus tête dans l'embarcation qui conséquemment gîte un max. Les anglaises crient. J'ose plus lever la tête. J'entends le rire sardonique de miss L. sur la plage et les regards des vacanciers en terrasse. Ben oui, quitte à faire un show autant le faire en public. Un mot: h.o.n.t.e.
C'est ici que se clôture cette série Taxi Malais.
Mais il me reste un autre épisode à écrire, une sorte de spin-off de la série: c'est sur le slogan de la Thaïlande: "Safety first".
Mais ça, c'est pour un autre jour.
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